Le développement du développement

Développement du developpementJe suis en train de lire un livre sur l’urbanisation, le SOA et le BPM. J’y ai trouvé une remarque intéressante : il ne faut pas confondre système d’information et système informatique, le deuxième est la partie « outillée » du premier.

Cela rejoint une idée d’une bizarrerie qui me chiffonne, et comme toujours je ne suis pas content tant que je ne vois pas le sens des choses (même si ce sens est valable pour moi seul, au moins cela me rassure).

Nous savons, nous les consultants PLM, faire des cartographies des systèmes d’information. Mais pourquoi dans ces cartes nous ne figurons que rarement les parties prenantes (stake holders, comme on dit en anglais) ?

Ce sont pourtant les éléments les plus importants de nos systèmes d’information, non ? Les systèmes informatiques du système d’information ne sont là que pour aider, faciliter leur rôle, et à ce moment devenir des utilisateurs (users, comme on dit en anglais). On devrait faire des « stake holding case » plutôt que des « use cases »…

Et comme souvent, cela m’a ramené à la question récurrente : le PLM, c’est quoi ? (titre du blog). Le sous-titre est « réflexions sur le développement de produit », le PLM doit avoir à faire avec le développement…

Alors, j’en suis là:

Une entreprise livre des biens  (« goods » en anglais) à des clients qui leur en passent commande (négligeons pour le moment l’aspect services).

Cette entreprise peut acheter ces biens à l’extérieur pour les revendre à son client. Elle peut aussi utiliser son savoir-faire et ses ressources pour produire ces biens à partir de matières premières qu’elle se procure à l’extérieur, dans le but de les livrer. Dans ce cas, ces biens seront le produit de l’entreprise productrice. Le produit est le résultat du processus de production, en tant qu’ensemble d’activités nécessitant un savoir-faire, des ressources et des matières premières. Ces activités sont « fabriquer le produit »,  « acheter les matières premières », « livrer le produit », « stocker les sous-produits », etc. Ces activités font appel à des savoirs-faire différents et complémentaires, les métiers de la production.

Ce processus est outillé par un système informatique appelé ERP (Entreprise Ressource Planning).

En approche systémique de l’entreprise, cette vision est la vision « physique », celle qui décrit la « matérialisation » du produit, sa « réification ». Selon une vision thermodynamique, c’est celle qui encapsule un savoir-faire (humain) dans la matière sans forme pour lui donner une forme: nous autres les humains, nous avons cette capacité de  « charger » une matière (les matières premières) de néguentropie (une organisation liée au savoir-faire) en créant un produit (système organisé).

Nous nous égarons, que nous apporte une vision « logique » de l’entreprise et du bien produit ? La vision logique est l’expression du savoir (humain) de l’entreprise encapsulé dans le produit, et donc cette vision nous conduit au développement du produit, sa conception : l’entreprise (ou une autre sous-traitante)  utilise son savoir pour concevoir le produit dans le but de le produire. L’objectif est important, il ne s’agit pas de concevoir un produit qui ne pourrait pas être produit, la « conception » (design) est plutôt « développement » (engineering), c’est bien le processus de création en vue de produire.

Nous avons l’habitude de nommer « définition » du produit le résultat du processus de développement; dans le billet précédent, j’évoquais le sens de « tracer une limite qui distingue le futur produit du fond informe » contenu dans le mot de définition. La définition du produit se construit au travers de différentes activités de développement: la spécification (des exigences), la conception (fonctionnelle en vue logique, matérielle en vue physique), la vérification avant la publication etc. Ces activités font appel à des savoirs différents et complémentaires, les métiers du développement. Par exemple, les ingénieries des systèmes, mécanique, électrique, hydraulique, logicielle etc.

Ce processus est outillé par des systèmes informatiques dédiés aux métiers (l’atelier systèmes, la CAx mécanique, la CAx électronique, l’atelier logiciel, …) et par un système informatique chargé de maintenir le référentiel des objets métiers et de distribuer ces objets métiers (broker en anglais) aux parties prenantes du développement, le système PDM (Product Data Manager).

Amusant, ce point de vue systémique de deux composants de l’organisation de l’entreprise (Développement et Production), dont les processus sont outillés par les systèmes PDM pour l’un et ERP pour l’autre, non ?

Entreprise

Mais qui s’occupe du processus de développement lui-même ? Comment le faire naître, comment l’optimiser, comment mieux l’outiller, comment le faire exécuter en collaboration avec les autres processus de l’entreprise ? Ne serait-ce pas le rôle du métier du PLM ?

Le métier du PLM, c’est bien l’utilisation d’un savoir et d’un savoir-faire pour concevoir un processus de développement de produit (vision logique) en vue de le faire exécuter par l’organisation « Développement » de l’entreprise (vision physique).

Pour paraphraser Edgar Morin, le PLM ne serait-il pas le développement du développement  (Engineering Engineering) ?

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