Je profite du billet précédent sur la maquette numérique pour livrer quelques réflexions sur cette question apparemment triviale, quelles sont les différences entre un objet et un système ?
En effet, on pourrait penser que, en suivant une méthode de modélisation « orientée objet », que tout est objet (c’est une classe de base en java, par exemple), et que le système est un objet. Précisons alors que le sens du mot objet est en fait « objet de modélisation », et non pas objet « ce que j’examine, moi observateur ».
Décomposition d’objet, recomposition de système
Notre éducation occidentale nous a appris à considérer ce que l’on étudie, le phénomène, comme indépendant de nous, observateurs : on isole le phénomène de l’observateur, le phénomène est objet, posé devant (ob-jactus). Nous sommes convaincus que pour étudier un objet, il faut le décomposer en objets plus petits, étudier les objets plus petits, et recommencer jusqu’à ce qu’on trouve la solution de chacun des objets : on décompose un problème compliqué en problèmes plus simples à résoudre.
Si l’on reprend l’exemple du billet précédent, la maquette numérique, c’est ce que l’on fait « intuitivement » : on décompose la forme de l’ensemble en ensemble de formes plus petites. En représentant cette décomposition de façon arborescente, on obtient la structure de décomposition du produit qui est la référence du bureau d’études (en anglais, Product Breakdown Structure, PBS).
Structure de décomposition produit
En vision imbriquée niveaux par niveaux, on obtient le schéma du billet précédent, celui de la maquette numérique avec les formes seules.
Maquette numérique - Structure de décomposition produit
Qu’est-ce qu’il manque ? les interfaces. Où sont-elles passées ? Dans la décomposition. Elles sont pourtant essentielles au principe de fonctionnement du phénomène étudié. Mais effectivement, en décomposant, on a simplifié et le phénomène, et son étude.
Voilà une différence importante entre un objet et un système : lorqu’on considère un phénomène comme un objet, on obtient sa composition par DE-composition. Lorqu’on considère un phénomène comme un système, on obtient sa composition par RE-composition.
La recomposition d’un système permet de conserver ce qui fait sa richesse : les sous-systèmes qui le composent sont en interaction entre eux.
Exemple du système vis-écrou
Prenons l’exemple simple d’un système vis-écrou.
Si l’on considère le système vis-écrou comme un objet, sa maquette numérique sera celle qu’on retrouve souvent modélisée ainsi:
Maquette numérique de l'objet vis-écrou
Si l’on considère le système vis-écrou comme un système, sa maquette numérique devrait-être modélisée ainsi:
Maquette numérique du système vis-écrou
Assemblage système de maquettes numériques
Assemblons 4 systèmes : une vis, une plaque, un support, un écrou. Avant assemblage, nous avons quatre maquettes numériques.
quatre maquettes numériques avant assemblage
L’assemblage consiste à « fusionner » les environnements et les interfaces en respectant les critères FFF. En assemblant, on monte de niveau d’abstraction, du niveau des vis, écrou, plaque, support, on passe au niveau assemblage par recomposition.
Maquette numérique de l'assemblage avec niveau d'abstraction inférieur détaillé
Et en ne gardant que le niveau d’abstraction de l’assemblage :
Maquette numérique de l'assemblage